Edouard Borie

Une lourde tendance s’abat sur les cafés franciliens, baisse de la fréquentation des établissements et diminution de l’addition des clients. Les brasseries sont aussi touchées et cela n’a pas de raison de s’arrêter en 2009, malgré des bonnes résolutions. Le point.

De moins en moins de monde dans les bars, les cafés et les brasseries. La fréquentation est en chute libre ainsi que les revenus des cafetiers. Les ouvertures de cafés, hôtels et autres restaurants ont chuté de 12,3% en comparaison avec l’année 2007 d’après le Centre Régional d’Observation du Commerce, de l’Industrie et des Services (Crocis). La création d’entreprise dans ce secteur va mal. Pourquoi?

L’interdiction de fumer dans les cafés et restaurants à portée préjudice à ce secteur, ceux qui hier refaisaient le monde en buvant leurs cafés accompagnés d’une cigarette, en étant accoudés au zinc, sont aujourd’hui invités à aller prendre l’air. La baisse de la fréquentation des cafés et brasseries est estimée à 15%, dont 5% à cause de l’interdiction de fumer et 10% en réaction à la situation économique actuelle. La loi Evin est une des causes de cette tendance, mais ce n’est pas la seule explication, cette crise est dûe à un ensemble de phénomènes qui s’accumulent.

Le pouvoir d’achat le nerf de la guerre. Les mentalités évoluent, à force d’entendre dire dans tout les médias que notre pouvoir d’achat diminue, nous finissons par l’admettre sans raison. Cette pensée est ancrée à tort dans nos esprits. Cela a pour effet  une vigilance accrue des consommateurs face à leurs achats.

« Le nombre de client diminue mais aussi leurs notes. Les clients consomment moins, se contentent d’un café car il font attention. Leurs pouvoirs d’achat n’a pas réellement diminué, mais ils sont inquiets pour l’avenir et ils rognent sur leurs petites dépensent non obligatoires. « . Yves Burfin, économiste du Crocis.

En 2008, la prévision finale du pouvoir d’achat équivaut à +1%, selon un rapport économique annexé au projet de loi des finances pour 2009.

La cause écologique avant tout. La loi Evin à encourager les cafetiers à investir dans l’aménagement de leurs terrasses, pour que les fumeurs puissent fumer à leurs guises. Nous avons donc vu fleurir sur les terrasses, des chauffes terrasses, qui ont permis un regain de clientèle temporaire car les écologistes ont émis l’hypothèse que ces appareils dégageaient trop de CO2. Certains cafetiers crieront à l’acharnement, sans réponses.

Le temps c’est de l’argent. La vente à emporter prend une place de plus en plus importante dans les habitudes des consommateurs. Le midi, il est très fréquent que les gens prennent un repas  à emporter qu’ils retournent manger au bureau. Moins de temps dans les cafés et les bars, c’est aussi moins de consommations à payer à la fin du repas.

Les habitudes des Français changent. Les cafés ne sont pas les seuls touchés. Selon de récentes études, le prix des achats alimentaires est devenu le premier critère de choix pour un tiers des consommateur. D’après le baromètre annuel Credoc réalisé pour le ministère de l’Agriculture, les magasins hard-discount trouvent leur clientèle (15% de clients en 2008 contre 9% en 2007), comme chez nos voisins Allemands qui utilisent depuis longtemps ce système.

Les brasseries traditionnelles touchées. Avec des menus compris entre 25 et 30€, les brasseries traditionnelles boivent le bouillon. Le bas de gamme et le haut de gamme s’en sortent mieux, grâce à des cibles mieux définies. Le groupe Flo, propriétaire des chaînes Hippopotamus, Bistrot Romain et Taverne de maître Kanter ont vu leurs bénéfices fondre de moitié entre janvier et septembre 2008.

Des solutions expérimentales. Occuper un marché de niche ou novateur, comme Cojean ou Exki, est envisageable, les deux enseignes bénéficient d’un regain de dépense. Autrement, il faut s’adapter aux nouveaux comportements de la population, proposer des prix d’appels, comme le restaurant « l’Etage » à Nantes qui propose un « Déjeuner de Crise », incluant plat et dessert pour la somme de 3,5€. Autres solutions envisagées, épouser la stratégie low-cost et adapter le modèle « Easy Jet », proposer un café à 80 centimes  ou un demi à 1,60€ et économiser sur l’électricité, le personnel (exclusivement au bar) et le papier-toilette, c’est la solution envisagée par « Ze Bar » à Nantes.

La clientèle est de retour, mais des opérations comme celles-ci permettent-elles aux cafetiers de rentrer dans leurs frais, avec une TVA importante et des coûts de marchandises en hausse? Rien n’est moins sûr.


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